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Nada Surf, trente ans de rock sur la crête de la vague

Vendredi 21 juin, jour de fête de la musique, Matthew Caws, guitariste et leader du groupe Nada Surf, trimballe en coulisse son étui de guitare dans une salle du quartier de la Bastille, à Paris. Le zen quinquagénaire donne un concert solo acoustique diffusé en direct sur la radio Oüi FM. Un petit avant-goût de Moon Mirror, neuvième album et excellent cru du trio qu’il forme depuis 1994 avec le bassiste Daniel Lorca et le batteur Ira Elliot, renforcés par le claviériste Louie Lino, qui les a rejoints durant les années 2000.
Mine de rien, la formation originaire de Brooklyn, à New York, célèbre les trente ans de la sortie de leur premier single, The Plan/Telescope. A ses débuts, Nada Surf aurait pu être ce qu’on a coutume d’appeler un one hit wonder, le « groupe d’un seul tube », avec le bien nommé Popular, hymne rock nerveux d’obédience « Nirvanesque » sorti en 1996, qui les révéla au grand public. Signé alors sur la major Elektra Records, le trio américain est rangé un peu hâtivement dans la catégorie rock alternatif à gros riffs de guitares aux côtés de Weezer et consorts.
Pourtant, leur deuxième album, The Proxymity Effect (1998), surprend par son approche pop plus ciselée, sous l’égide de R.E.M., de Teenage Fanclub et des Beatles. Cette orientation ne correspond pas aux attentes de leur maison de disques – s’ensuit une procédure judiciaire de deux ans afin que le trio récupère les droits de l’album. En dépit de cette expérience douloureuse, les « ex-Popular » rebondissent en indépendants et enchaînent les albums magistraux : Let Go (2002), The Weight Is a Gift (2005) et Lucky (2008).
Depuis, le plus francophile des groupes de rock américain (Matthew Caws, tout comme Daniel Lorca, a étudié au lycée français de New York) est toujours accueilli à bras ouverts dans l’Hexagone et ses pays limitrophes, l’Allemagne, l’Espagne, la Belgique et la Suisse, où ils tournent pratiquement chaque année et remplissent des salles comme le Bataclan parisien et la Coopérative de Mai, à Clermont-Ferrand.
On ne peut toutefois s’empêcher de demander : qu’est-ce qui pousse encore le chanteur âgé de 57 ans à continuer dans un groupe de rock ? « Inventer des chansons, chanter et jouer, c’est ce qui me calme le plus, répond Matthew Caws. C’est quelque chose de presque méditatif, qui me donne du réconfort. Et puis j’aime tourner, la scène est un peu devenue notre chez-nous. Au cours de ces trente dernières années, j’ai eu plusieurs relations sentimentales, changé d’appartement, changé de métier, mais la scène est toujours restée là. » Même si, avec le temps, la famille penche davantage dans la balance, avoue ce père de deux garçons âgés 20 et 7 ans.
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